La pression de performance sexuelle et ses contradictions !

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Par Julie Fournier, sexologue clinicienne et psychothérapeute.

Il est fréquent durant les séances de thérapie que les hommes, mais aussi les femmes, prennent conscience de leur anxiété de performance sexuelle. Cette anxiété se manifeste par certaines pensées comme « j’espère que j’ai été assez bonne pour qu’il me rappelle », « je lui ai donné seulement quatre orgasmes » ou encore « je ne comprends pas, mon ami donne des orgasmes avec éjaculation à toutes les femmes et moi, jamais ». Pourquoi est-elle aussi répandue ? Pourquoi semble-t-elle aussi viscérale pour plusieurs et quelle est sa fonction ?

L’anxiété de performance sexuelle est le fait de s’exiger et de s’attendre à quelque chose de très grand par rapport à ses propres capacités sexuelles. Elle nait à partir de fausses conceptions au sujet de sa propre sexualité et à celle de l’autre. La pression de performance devient rapidement invasive et prend toute la place dans la sexualité. Elle existe notamment en raison de mauvaises informations au sujet de la sexualité et de la pression exercée par la société qui sont toutes deux reliées.

La pornographie, qui est la source principale de conceptions erronées au sujet de la sexualité, est omniprésente et laisse l’impression d’indiquer des pratiques que tous et toutes devraient adopter. Ces pratiques sont basées sur des images faussées du corps et sur des performances sexuelles irréalistes. (J’aime bien dire qu’il existe des bloopers sur les films pornos… ce n’est pas pour rien!) En fait, la pornographie laisse comme perception pour plusieurs qu’elle est LA seule bonne manière de faire les choses et elle est LA référence en matière de sexualité, ce qui n’est évidemment pas réaliste ! Basées sur celle-ci, les personnes se vantent auprès de leurs amis d’avoir réussi un exploit sexuel, alors que c’est totalement impossible et les autres se taisent de honte ou répliquent qu’ils ont fait mieux.

Le paradoxe dans l’anxiété de performance est énorme. Plus la personne est anxieuse et vise la performance sexuelle, plus elle est à risque de développer une difficulté sexuelle telle qu’une dysfonction érectile, un trouble relié à l’éjaculation, à l’orgasme ou un trouble chez la femme en lien avec la pénétration. La sexualité nécessite un lâcher-prise et un laisser-aller pour qu’elle soit satisfaisante. Elle implore d’être vécue dans son corps et non dans sa tête. L’anxiété de performance est donc totalement opposée au bien-être et à la satisfaction sexuelle. La satisfaction sexuelle nécessite un bien-être de la part des deux personnes. Il ne faut pas confondre satisfaction sexuelle et performance!

Faites-en l’exercice ! Êtes-vous dans votre corps ou dans votre tête lors de vos relations sexuelles ? Êtes-vous axés sur un bien-être avec vous et avec l’autre ou sur une performance sans penser à vous ? Quelles sont vos sensations corporelles lors de rapports sexuels ? Qu’est-ce que votre corps ressent ? Posez-vous la question directement lors d’un rapport sexuel « Qu’est-ce que je ressens dans mon corps ? ». Vous allez constater que vous êtes beaucoup plus satisfaits sexuellement si vous et l’autre, vous vous laissez aller et guider par vos sensations corporelles plutôt que par vos pensées en vous imposant une pression de performance à l’encontre de la satisfaction. Parce qu’en fait, la pression de performance vise la satisfaction après tout ! 😉